8-05 The Daemons
De Guy Leopold (Robert Slotman & Barry Letts) (5 épisodes)
Réalisation : Christopher Barry
Dans le village de Daemon’s End, BBC 3 retransmet les fouilles d’un archéologue de renom, tandis qu’une femme du village, Miss Hawthorne met en garde les journaleux contre un démon qui attendrait son heure. Assistant à la transmission, le Docteur et Jo se rendent dans le village, mais le Maître (déguisé en vicaire) a déjà entamé une cérémonie avec d’autres fidèles afin de faire émerger le dit démon. Un vent froid rase l’équipe de fouille et gèle le Docteur. Malgré l’absence du Brigadier, le Capitaine Yates et le sergent Benton gagnent le village pour venir en aide à Jo et au TimeLord. Benton libère Miss Hawthorne, prisonnière du Maître puis d’étranges évènements, dont des apparitions du démon Bok viennent briser le calme apparent de la petite ville. Revenu à lui, le Docteur comprend que les événements peuvent s’expliquer autrement que par les superstitions locales et surtout qu’ils ont besoin d’aide scientifique. Mais le Brigadier et ses hommes ne peuvent intervenir à cause d’un champ de chaleur qui entoure la ville.
Le Docteur et Bok, le nouvel ami du Maître
Sur une initiative du producteur Barry Letts, Doctor Who s’oriente vers l’occultisme et la magie noire. Un coup de cœur finalisé avec le concours du scénariste Robert Slotman, tandis que les deux prendront un pseudo pour éviter une interdiction de la Guilde des Scénaristes d’alors (un producteur ne pouvait écrire de scénario pour sa propre série). Mais l’apport le plus décisif sur cet épisode est dû à Terrance Dicks, script editor, qui convainquit Letts que le fantastique pouvaient très bien intégrer l’univers de Doctor Who, à condition qu’on le traite d’un point de vue scientifique. Ainsi les Démons invoqués deviennent-ils des extra-terrestres surpuissants débarqués sur notre planète il y’a bien longtemps pour faire des expériences avec les humains, enfouis sous Terre et convoqués par leur propre science. Ils n’en seraient pas à leur coup d’essai et auraient bazardé l’Atlantide (cela contredit une aventure de Two), une trop grande déception à leur goût. L’idée se marie très bien avec l’esprit de la série et inaugure une longue tradition de présences extra-terrestres expliquant des croyances au sein de notre planète, jusque dans la nouvelle série (et même Stargate, si on déborde un peu). Le thème de la superstition met aussi en perspective la science du Docteur et du Maître face aux humains, qui peut être interprétée comme de la sorcellerie, l’occasion d’une scène pré-wicker man où le Docteur se fait assaillir par des villageois pour être brûlé. Dans la lignée « on ne retire pas sa culture de l’anglais », il y’a un petit air de Chien des Baskerville qui se dégage de cette aventure, Three manifestant un intérêt certain pour la mystérieuse affaire, tout en sachant pertinemment qu’il n’y a pas de vrai démon à combattre. Notre Watson de Jo parviendra étonnamment à le sauver par la force de son sacrifice, quelque chose de bien irrationnel.
Yates et Benton s’émancipent d’UNIT pour le meilleur.
The Daemons ne fonctionne pas uniquement grâce à l’intégration de son histoire à l’univers de Doctor Who. C’est aussi un modèle parfait d’intégration de l’humour à l’horreur. Les scènes d’invocation et l’apparition des monstres restent impressionnantes en dépit du kitsch, de par quelques belles trouvailles de réalisation et des effets systèmes D très honnêtes pour de la télévision. On frémit dans l’attente des puissances enfouies, mais on ne peut s’empêcher de sourire avec les personnages. La série récolte ce qu’elle a semé de personnages secondaires durant cette saison 8. Ainsi Yates et Benton obtiennent-ils un rôle à part entière dans cette aventure, indépendant de leur statut dans UNIT et prend-on le même plaisir à les suivre qu’à suivre Jo. Le couple Yates / Jo complète admirablement celui de Benton et Miss Hawthorne. Le Docteur semble lui-même apaisé, usant d’astuces comparables à ceux de Two (la télécommande de Bessie, le plan de libération des illuminés) et acceptant plus volontiers le concours de ses amis. La séparation des forces de l’UNIT aurait pu porter encore une fois préjudice à l’autorité du Brigadier, mais c’est avec surprise qu’on constate que le Three défend enfin l’utilité de son souffre-douleur et qu’une confiance réciproque s’est installée entre eux. La saison se termine sur une note positive dans laquelle le Docteur danse…que de chemin parcouru depuis la saison dernière. Malgré Roger Delgado dont le charisme ténébreux fait des merveilles dans ce contexte, le Maître paraît anecdotique face à cet équilibre trouvé, signe qu’il fut trop utilisé au cours de cette saison. Sa mise au vert semble nécessaire pour la saison 9, que nous aborderons avec une grande confiance.
Le Docteur, le Brigadier et le technicien. Un trio comique hors pair.
N : 8
IM : 8
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