18-05 Warrior’s Gate
De Stephen Gallagher (4 épisodes)
Réalisation : Paul Joyce & Graeme Harper
Le Docteur, Romana, Adric et K9 pourraient avoir trouvé un moyen de traverser l’E-Space pour rejoindre l’univers normal (communément appelé N-space), mais ils se retrouvent coincés dans un espace zéro entre les deux univers. Le vaisseau transporteur d’esclaves du commandant Rorvik et de son équipage sont immobilisés dans le même espace suite à une défaillance de leur navigateur Biroc, membre de la race des Tharils qui a la capacité de se repérer dans les fluctuations temporelles (et qui constitue accessoirement la cargaison d’esclaves transportée). Profitant de la panique, Biroc s’échappe et rejoint le TARDIS. Là, il avertit les quatre de la menace qu’est le vaisseau des hommes, puis il disparaît. Le Docteur décide de le suivre. Il aboutit à une bâtisse où le Tharil traverse un miroir. Ne pouvant le traverser à son tour, Four fait la connaissance brutale d’automates guerriers, les Gundans. K9 rejoint le Docteur et il l’aide à faire parler un d’entre eux qui avoue que les Gundans servirent à un peuple d’esclave à traverser les dimensions pour attaquer ceux qui les oppressaient alors, qui n’étaient autre que les Tharils. Pendant ce temps, Rorvik et ses hommes ont rejoint le TARDIS et emmené Romana pour l’obliger à piloter leur vaisseau, pensant qu’elle est sensible au temps au même titre que les Tharils. Guidés par elle, ils ne tardent pas à retrouver le Docteur et K9. Tous se retrouvent bientôt coincés dans la bâtisse en différentes points du temps.
Un petit tour dans mon TARDIS gentlemen? C’est un type 40. Sensation vintage garantie.
Le troisième et dernier arc de la trilogie « E-Space » est le premier arc à utiliser tout le potentiel de la nouvelle formule de John Nathan-Turner. Brillamment scénarisé par un nouvel ajout à l’équipe, Stephen Gallagher, Warrior’s Gate est aussi ambitieux que limité par ses moyens. Ainsi se permet-il d’augmenter la portée géographique de cette saison (et la mythologie de la série) en doublant la traversée d’un univers parallèle très semblable au nôtre (le E-Space) d’un micro-univers contrôlant ces deux zones et constitué de vide. Un vide qui, budget limité oblige, permet tout de même de se déplacer en marchant sur un sol ou de construire un décor. Avec cet environnement entouré de blanc, impossible de ne pas penser au début de l’excellent The Mind Robber de la période Troughton. La comparaison n’est pas à l’avantage de Warrior’s Gate. Ces considérations mises à part, l’arc se situe pourtant aisément parmi les meilleurs de Four, profitant d’une réalisation désormais plus énergique au service de grandes idées. Stephen Gallagher a probablement été inspiré par Alien dans sa peinture des hommes du transporteur, preuves en sont cette première scène qui ouvre l’arc sur un lent traveling visitant un vaisseau d’apparence vétuste et ces deux techniciens terre à terre qui rappellent les personnages de Yaphet Kotto et Harry Dean Stanton dans le film de Ridley Scott. Chacun des personnages est très bien caractérisé, allant du commandant autoritaire au second perpétuellement agacé, et interprétés par des acteurs qui parviennent souvent par la seule force de conviction à rendre tangible le monde dans lequel ils évoluent.
Rorvik ne sait pas quoi faire. Dans quelques secondes, il deviendra violent.
Les réalisateurs Paul Joyce et Graeme Harper ont fait du très bon travail. Les déplacements félins des Tharils entre les mondes sont soutenus par une réalisation aérienne et une musique synthétique planante qui retranscrit bien cette sensation de perte des voyageurs au milieu de nulle part. La meilleure idée de cet arc demeure la superposition en un point de plusieurs dimensions temporelles, idée entièrement retranscrite par le montage, qui réussit à transmettre le passé des Tharils et l’ironie de leur sort d’anciens maîtres devenus esclaves. L’épisode 3 est exemplaire dans l’enchevêtrement de dimensions dans le but de servir le scénario et l’intrigue riche en événements. Warrior’s Gate est aussi l’arc qui verra le départ de Romana et de K9 Mark 2. Le chien robot aura des adieux semblables au saccage de cette saison. Perdant une partie de sa mémoire à long terme, il avoue lui-même ne plus servir à rien. Ce côté chien fou en fait néanmoins un bel élément comique de décalage au contact du très sérieux équipage de Rorvik et permet de justifier son abandon par le Docteur (il ne pourra retrouver la mémoire que dans cette dimension). Curieux détail : le TARDIS n’existe plus dans l’E-Space, mais notre canin aurait la possibilité de le reconstruire grâce à sa mémoire. Une piste pour une rencontre future ?
Le Docteur et son nouvel ami imaginaire poilu
Durant tout l’arc, Romana se comporte envers Adric comme le Docteur s’est comporté envers elle. La Time Lord a acquis de l’assurance au contact de Four et elle peut maintenant devenir elle-même un voyageur temporel aguerri guidant un compagnon. Elle refuse d’ailleurs de retourner à Gallifrey, retenant bien les leçons de son mentor. Son destin dans la série s’arrêtera dans le E-Space, car les Tharils ont besoin d’un Time Lord pour les aider à délivrer les leurs de l’esclavage humain aux quatre coins de cet univers. Lalla Ward quitte donc la scène en beauté, alors qu’elle s’apprête à convoler dans la vraie vie avec Tom Baker pour un mariage qui ne durera pas plus deux ans. Pendant ce temps, le Four parvient à transporter Adric dans univers très loin de chez lui pour une dernière ligne droite avant que lui-même ne quitte la scène.
La belle, la bête et la machine s’en vont libérer les Tharils. So Long Romana et K9. 😦
N : 8
IM : 7
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