20-03 Mawdryn Undead
De Peter Grimwade (4 épisodes)
Réalisation : Peter Moffatt
1983. Brendon Public School. Le jeune Turlough, extra-terrestre se faisant passer pour un étudiant terrien, entraîne un autre étudiant dans une course folle avec la voiture de son professeur de mathématiques. Il en résulte un grave accident, mais Turlough est sauvé de la mort par le Gardien noir, qui lui propose en échange de tuer le Docteur. A bord d’un TARDIS stoppé par une interférence, le Docteur, Tegan et Nyssa manquent de percuter un vaisseau. Ils se matérialisent à l’intérieur de celui-ci et découvrent que le problème provient de la déformation temporelle produite par ce luxueux croiseur coincé dans le temps. L’ellipse est causée par l’utilisation d’un transmat envoyé sur Terre. Le Gardien Noir conduit Turlough à ce transmat. A peine entré à l’intérieur, l’étudiant est téléporté dans le TARDIS. Le Docteur décide de le suivre en faisant le chemin inverse pour localiser le point de perturbation du transmat sur Terre. Nyssa et Tegan les rejoindront dans le TARDIS. Arrivé à Terre, le Docteur manque de se faire tuer par Turlough, mais ne s’en rend pas compte. Il fait bientôt la connaissance du professeur de mathématiques du jeune homme parti à sa recherche qui n’est autre que le Brigadier Lethbridge Stewart, qui s’est renconverti en prof à Brendon quelques années plus tôt ! Five se rend vite compte que le Brigadier souffre d’une amnésie concernant leurs aventures.
Le Gardien noir, grand pourvoyeur de bad trip
Pendant ce temps, Nyssa et Tegan ont fait atterrir le TARDIS au bon endroit, mais le Docteur et Turlough sont introuvables. Elles voient alors apparaître la capsule du transmat. A l’intérieur, elles découvrent un grand brûlé qu’elles pensent être le Docteur. Nyssa le transporte dans le TARDIS tandis que Tegan part chercher de l’aide. Elle rencontre alors le Brigadier nettement plus jeune, car elles ont atterri en 1977. En 1983, les discussions du Docteur ont ammené le Brigadier à se souvenir de leur passé et au prononcé du nom de Tegan, il avoue avoir rencontré la jeune femme en 1977. Accompagnés de Nyssa, ils secoururent le grand brûlé qui se faisait passer pour le Docteur en le conduisant jusqu’au vaisseau coincé de 1983. Le Docteur, accompagné du Brigadier de 1983, décide de rejoindre le même vaisseau pour intercepter cet homme et recroise alors la route de Turlough. Le grand brûlé secouru, Mawdryn, n’est autre qu’un des occupants du luxueux bâtiment. Autrefois lui et les siens volèrent le secre de régénération des TimeLords et sont désormais condamnés à vieillir sans jamais mourir dans un point de l’espace temps. Ils comptent bien profiter de la présence du Docteur pour renverser ce sort. Pendant ce temps, les deux versions du Brigadier se retrouvent sur le même vaisseau, menaçant de se rencontrer…
Ainsi j’aurais joué dans Doctor Who pendant des années…hmm m’en souviens pas
L’ère de Peter Davison est la première véritable ère de mémoire de la série. Le producteur John Nathan Turner et le script editor Eric Saward ont veillé à ce que les voyages précédant chaque arc ne soient pas oubliés et que les références au passé soient légions. Le vingtième anniversaire de la série ajoute encore à ce rituel, conférant à cette saison 20 un cachet étrangement familier, qui renvoie à la saison 7 que nous avons connue en 2013. C’est avec Five que la série devient consciente d’elle-même au point d’instaurer une cohérence dans sa mythologie et de revisiter son passé, chose que Steven Moffat fera aussi consciemment bien plus tard. Mawdryn Undead est de ces arcs qui jouent avec ce passé tout en amménageant le futur, constituant la meilleure des récompenses pour qui a suivi la série depuis ses débuts. La première grande surprise de l’arc est le retour du Brigadier par la grande porte, et plutôt deux fois qu’une. Lethbrige Stewart devient virtuellement l’arme de destruction la plus dangereuse que l’univers ait connu en menaçant de se rencontrer lui-même (prends ça retour vers le futur). Les croisements des deux versions dans le vaisseau luxueux des non-morts et les efforts faits par le Docteur, Tourlough et même le gardien noir pour empêcher la rencontre durant toute l’aventure entrent dans les meilleurs moments de comédie de Doctor Who, englobant la série moderne. On comprend très vite que l’amnésie du Brigadier est due au fait que la rencontre aura effectivement lieu, mais cela ne fait qu’ajouter à la cohérence d’un scénario exemplaire qui a bien d’autres tours dans son sac.
Les retrouvailles avec le Brigadier, comprenant tout ce qu’elles ont d’émouvantes (ha ! ces images du passé), de cocasses, et d’étranges (un retour de Ian Chesterton était initialement envisagé, d’où cet étrange poste de professeur) ne sont pas les seuls éléments intéressants de Mawdryn Undead. L’arc se présente comme étant la première partie de la trilogie du Gardien Noir, qui introduit le personnage de Turlough comme premier compagnon à la solde d’un ennemi du Docteur. On avait quitté le Gardien Noir après la défaite qu’il avait essuyée contre Four, Romana et K9 dans son appropriation de la clé du Temps. Le voilà de retour et bien décidé à en finir avec le TimeLord par le biais d’un lieutenant malgré lui peu compétent à la tâche. En parallèle, nous suivons l’histoire principale du vaisseau scientifique et de ses occupants, comprenant le Mawdryn du titre. Les scientifiques ayant volé le secret de la régénération s’exposent à une fin horrible et éternelle, à moins que le Docteur ne leur donne ses huit régénérations restantes, s’exposant par cela à être rayé de l’ordre des TimeLords. Le Docteur s’y refusera jusqu’à ce que Tegan et Nyssa soient impliquées. Ayant attrapé le mal des scientifiques, leur vieillissement accéléré (visuellement impressionnant) contraint le Docteur à accepter le marché. Si la mort d’Adric a été passée sous silence, on comprend aisément que le Docteur ait été touché au point d’être capable de tout sacrifier pour épargner ses compagnes restantes.
Nyssa et Tegan ont déjeuné sur la mauvaise planète
Heureusement, le bug Lethbridge Stewart viendra résoudre la situation par un sens du timing surprenant. Car la plus grande qualité de Mawdryn Undead est de combiner toutes ces intrigues sans jamais se perdre et dans une mise en scène très étudiée. On passe d’une époque à l’autre en deux secondes, on plonge dans la mythologie, on savoure des rencontres inopinées et on découvre de nouveaux concepts temporels wibbly woobliens tout en partageant de nombreuses références. On voyage loin avec peu de moyens. Pas de doutes. L’influence majeure de Steven Moffat est bien l’ère de Five, et à beaucoup de niveaux, cet arc égale ses meilleurs travaux. Et quand on sait qu’il a été commandé en urgence par la production en remplacement d’un arc abandonné, on tire une nouvelle fois son chapeau au scénariste Peter Grimwade.
N : 10
IM : 7
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