24-02 Paradise Towers
De Stephen Wyatt (4 épisodes)
Réalisation : Nicholas Malett
Le Docteur et Mel font un break aux tours du Paradis, un luxueux palace du 22ème siècle surmonté d’une grande piscine qui, laissé à l’abandon, s’est transformé en un endroit peu sûr et pas très charmant. Ils font la connaissance des Kangs rouges, un gang de filles rivales des Kangs bleus, puis se retrouvent séparés. Le Docteur est capturé par les gardiens, officiers très à cheval sur les règles chargés de faire régner l’ordre dans ces zones de non-droit. Le chef adjoint des gardiens conduit le Docteur à son chef qui le prend pour le grand architecte du bâtiment. Il ordonne son exécution. Seven parvient à ruser et à échapper aux gardiens. Pendant ce temps, Mel fait la connaissance des Rezzies (les résidentes), de charmantes vieilles femmes aux intentions pas très nettes. Elle rencontre également le jeune Pex qui a pour vocation de sauver tout ce qui doit être sauvé dans la tour. Tout ce monde est très vite menacé par des robots ménagers tueurs contrôlés par une entité invisible. Le grand architecte des lieux compte bien reprendre le contrôle de son bâtiment en se réincarnant dans un corps. Pourquoi pas celui du chef des gardiens qui lui fournit son garde-manger.
bleu ou rouge : choisis ton Kang
Paradise Towers est un OVNI dans Doctor Who, une tentative de faire autre chose qui peut être assimilé à un immonde ratage ou à un coup de génie. L’auteur de ces lignes opte pour la seconde proposition et place illico cet arc parmi les classiques inmanquables. Et non il n’a pas pris de champis avant le visionnage, ni n’est victime d’hallucinations visuelles à l’approche de son 150ème arc. C’est juste super, n’en jetez plus. La scène du gang des Kangs rouges, Bananaramas pré-girl power croisées avec les blousons noirs de Grease qui empruntent un salut totalement irréaliste, n’est qu’un avertissement pour ce qui va suivre. Les gardiens débarquent alors et nous plongeons dans un tout autre univers, fait de circulaires et de directives, de non sens administratifs sortis de la tête d’un Terry Gilliam qui aurait perdu le contrôle de sa direction d’acteurs. Les mamies Rezzies coinçant Mel dans une dégustation de thé hypra dérangeante préfigurent l’humour noir de la ligue des Gentlemen. Elles finiront happées par leur vide-ordure. Le jeune Pex entraîne ensuite Mélanie dans une série d’aventures dans le bâtiment, avant de gagner la piscine au dernier étage. Nous découvrons alors que son complexe de sauveur est dû au fait qu’il est la risée de tous (= les Kangs) parcequ’il a déserté la guerre à laquelle il aurait du servir. Et puis il y’a ce mystérieux tueur qui réclame à manger…Pour peu, on y trouverait Lars Von Trier parti chercher l’inspiration dans ces couloirs peuplés de robots tueurs pour pondre sa série The Kingdom.
Mais Paradise Towers ne serait pas aussi fatal pour les côtes du télespectateur sans l’intervention de Keff McCullough, incidence de l’initiative de John Nathan-Turner de se passer des services du BBC Radiophonic Workshop pour embaucher des compositeurs extérieurs. Keff a réussi la bande son idéale. Il met le paquet sur les percussions, s’autorise des réorchestrations sauvages du thème de la série façon Sade / Terence Trent d’Arby puis passe à une musique tonitruante d’inspiration horrifique sans crier gare, le tout dans une anarchie et dans des ruptures de ton qui dérègleront les oreilles des plus mélomanes. Richard Briers, chef des gardiens transformé en zombie hôte de l’architecte assure le spectacle. Quel que soit le registre qu’il emprunte, il nous propose une performance d’acteur qui achèvera les derniers vaillants qui regarderont encore l’arc au premier degré. Au milieu de ce réjouissant bordel, Sylvester McCoy existe tranquillement mais sûrement en tant que Docteur.
Richard Briers. What the hell !
N : 8
IM : 3
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