26-03 The Curse of Fenric
De Ian Briggs ( 4 épisodes )
Réalisation : Nicholas Mallett & John Nathan-Turner
Le Docteur et Ace débarquent dans une base navale britannique lors de la deuxième guerre mondiale. Sous l’autorité du commandant Millington, le Dr. Judson y est chargé de craquer les messages codés allemands à l’aide du super ordinateur ULTIMA. Mais Judson travaille aussi à la traduction de runes vikings trouvés dans les sous-sols de la base et qui prévoient la personnification proche du menaçant et tout puissant Fenric. Obsessionnel au point de vivre entouré de symboles nazis, le commandant compte exploiter cette découverte pour s’arroger le pouvoir de Fenric. Mais une unité soviétique qui semble liée à légende de Fenric a débarqué près de la base et semble déterminée à subtiliser l’ordinateur. Après avoir rencontré une femme dont l’enfant n’est nulle autre que la mère de Ace (nous ne le savons pas encore, mais on s’en doute), les deux voyageurs rencontrent les russes et la compagne s’amourrache de leur chef, Sorin. Dans les souterrains de la base, ils parviennent à retrouver un vase qui comporte également des inscriptions vikings. Le vase leur est subtilisé par Milington. Analysant pour lui les inscriptions avec ULTIMA, le Dr Judson est frappé par la foudre et Fenric s’incarne en lui. Très ancienne entité maléfique, elle n’attendait que son réveil par descendants des vikings qui avaient transporté le vase maudit jusqu’au Royaume-Uni pour défier le Docteur aux échecs et accessoirement empoisonner le monde avec le gaz toxique stocké dans la base. Pour semer le chaos, l’entité utilise la race des Haemovores qui succédera à l’homo sapiens qu’il a faite pour l’occasion voyager dans son passé.
Un prêtre qui ferait mieux de retrouver sa foi vite fait
Avec The Curse of Fenric, Ian Briggs offre un scénario à la hauteur de cette très bonne saison, offrant à Doctor Who une cohabitation originale avec les légendes nordiques ainsi qu’un étonnant détour vers la susperstition. Le mal représenté par Fenric, qui semble au départ (mais faussement) faire référence au Mara, n’y’est en aucun cas rationalisé et semble être un rejeton de temps immémoriaux. Le thème traversant The Curse of Fenric est par ailleurs la foi, seule arme pour vaincre les assauts des vampires Haemovores. Qu’elle soit la foi religieuse par l’entremise d’un prêtre qui l’a justement perdue, la foi du révolutionnaire russe en la cause du parti, la foi de Ace pour le Docteur ou bien celle, plus étonnante du Docteur en ses compagnons passés (il murmure quelques uns de leurs noms pour écarter les vampires), elle seule accomplit les miracles de cet arc. Elle peut néanmoins se retourner contre celui qui croît, preuve en est l’amour naissant de Ace pour Sorin qui conduit à l’avantage de Fenric sur le Docteur. Cette superstition rejoint admirablement l’époque visitée car elle fait écho aux superstitions du III ème Reich. Le mimétisme absolu du commandant Millington (Alfred Lynch, inquiétant en dirigeant perdu) l’aura conduit à adopter, plus que leurs seuls symboles, la mégalomanie occulte de ceux qu’il traque. Ainsi il se convaincra que ses ambitions de pouvoir servent la cause de son pays alors qu’il ne cherche qu’à saisir l’essence de Fenric. Elle fait également écho, et d’une manière particulièrement fine, à l’absence de foi et d’espoir qui peut caractériser une époque noire comme la seconde guerre mondiale. Ce très beau moment où Ace déclare à sa grand-mère qu’elle doit garder la foi car le monde va aller mieux est non seulement magnifique, mais condense une grande partie de l’esprit de Doctor Who.
Le révolutionnaire avance entouré des suceurs de sang, et il ne craint rien
A travers le Dr Judson et son ordinateur ULTIMA, Ian Briggs fait référence à Alan Turing, pionnier de l’informatique qui travailla au déchiffrage des codes allemands durant la seconde guerre mondiale et inventa le test permettant de s’assurer qu’une machine adopte un comportement indiscernable de celui de l’homme ( la scène d’ouverture de blade runner s’en inspire). Le scénariste avoua qu’il ne put exprimer à travers Judson l’homosexualité secrète de Turing, pour cause de programme familial. Il la transforma en un handicap physique. Les loups de Fenric, descendants des vikings frappés par la malédiction qui se trouvent autant dans les camps anglais que russe, apportent un héritage de sang, autre obsession du Reich qui se voit ici désacralisée. On découvre que Ace fait partie de cette lignée et que le passage temporel vers Svartos qui lui permit de rencontrer le Docteur n’était pas du fait de ses talents de chimiste, mais de Fenric, qui souhaitait affronter une nouvelle fois le Time Lord qui l’avait tenu en échec. Pour peu qu’elle soit vraie, cette découverte n’amoindrit en rien l’importance de la compagne.
Le commandant Millington, fan numéro 1 de Fenric
A l’instar de Ghostlight, cet arc exorcise les traumas passés de Ace (sa haine pour sa mère, sa peur de l’eau) tout en révélant toujours plus à quel point elle est intelligente, débrouillarde et spéciale. Son importance se matérialise autant par l’intérêt pour son passé, sans précédent pour un compagnon, que par les couches ajoutées aux personnages ou les marques d’affections constantes de Seven à son égard. Portées par les acteurs, les décors locaux et le très beau score de Mark Ayres composé pour l’occasion, les dernières scènes de The Curse of Fenric sont prodigieuses avec peu de moyens. Elles contiennent suffisamment de lyrisme, d’enjeux et de personnages forts pour balayer d’un revers de la main une première moitié d’arc un poil longuette. Pour prolonger le plaisir, l’arc existe en version longue et aussi en un seul film (sur le dvd UK, qui devient du coup indispensable), avec nouveaux effets spéciaux et remontage de circonstance.
N : 9
N : 5
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