27 / 1-04 Aliens of London
27 / 1-05 World War Three
De Russell T. Davies (2 épisodes)
Réalisation : Keith Boak
C’est un jour historique. La Terre s’apprête à connaître son premier contact avec les E.T et ce ne sont pas ceux qu’elle croit. Rose est de retour chez elle avec le Docteur et elle doit justifier son absence de douze mois auprès de sa mère et des autorités. C’est le moment que choisit un étrange vaisseau spatial pour se crasher sur Big Ben et atterrir dans la Tamise. Les télés sont sur le coup, les familles invitent les voisins. Un corps alien a été repêché : un cochon humanoïde. En l’absence du premier ministre, une succession de personnes obèses importantes se pointent au 10 Downing street pour gérer la crise. Mais nul ne sait encore, si ce n’est Harriet Jones, une parlementaire qui s’est trouvée là par hasard, que le vaisseau n’est qu’un subterfuge et que les vrais aliens se cachent derrière ces gros. Ils se nomment les Slitheen, une famille de criminels de la planète Raxacoricofalapatorius venus sur Terre pour faire du business. En gros, leur programme est de détruire la Terre pour en revendre les morceaux au plus offrants (ils ont même passé une annonce interstellaire). La prochaine phase de leur plan sera de faire croire à l’ONU que les faux aliens possèdent l’arme de destruction massive pour déclencher l’attaque nucléaire fatale.
Note pour plus tard – Ne pas trop se rapprocher de BIG BEN pour la photo
Ce premier double épisode de la nouvelle série inaugure la structure des doubles de Davies qui sera répétée sur chacune de ses saisons et la première de Steven Moffat (Trois par saisons se déroulant selon un schéma similaire « menace qui monte / cliffhanger dévoilant la menace /action à proprement parler »). Il installe aussi le leitmotiv de l’invasion terrienne cher au showrunner. Premier contact avec une race extra-terrestre ? C’est oublier The Web of Fear, The Invasion, les saisons du troisième Docteur sur Terre en tant qu’expert consultant pour UNIT et ce qui suivit. Russell T. Davies marque un point sur la continuité en convoquant UNIT à Downing Street et en mettant à jour la célébrité du Docteur dans le monde des consultants sur les invasions aliens dès que l’alerte est donnée par Jackie Tyler. Mais ce n’est pas la plus grande qualité de ce double. Les deux épisodes réussissent à être passionnants, en grande partie grâce à la gestion exceptionnelle du peu de lieux constituant les épisodes et à l’inventivité du scénario. On se retrouve dans une sorte d’anti-guerre des mondes / Independence Day qui troque l’emphase pour la gaudriole style Bad Taste de Peter Jackson. Et pour cause, les motivations des aliens sont autant intéressées que les têtes de nœud du premier film du futur réalisateur des seigneurs des anneaux. Davies parvient à maintenir le coté inquiétant sur un fond de comédie totalement assumé et investit un décalage constant entre l’importance de la menace et l’absurdité de ses manifestations. Le coté burlesque des scènes des Slitheen parvient à relever le coté rudimentaire des effets spéciaux numériques et des prothèses. L’utilisation des médias et de vrais journalistes (notamment Andrew Marr) offre une belle modernisation des invasions classiques.
Habillés ou nus, les affaires se font en famille
Russell T. Davies a aussi eu la très bonne idée de faire un détour par Londres, 2005 après deux aventures lointaines. Disposer d’un référentiel de sa vie quotidienne aide à comprendre les motivations de Rose pour les voyages tout en rendant l’identification plus aisée pour le spectateur. Prenez Billie Piper et vous avez la plus humaine des compagnes. Les proches de Rose se retrouvent, du fait de leur découverte, également plus impliqués qu’aucune famille de compagnons ne l’a été. Mickey passe de petit copain spolié à main du Docteur pour sauver l’humanité, se voyant même au final proposer une place dans le TARDIS (à suivre…). On peut aussi savourer un ton de comédie 80’s style « alien à domicile », qui laisse autant de place au décalage humoristique qu’aux scènes émouvantes entre Rose et ses proches, qui tapent toutes dans le mil. Cela permet de voir le Docteur dans des situations du quotidien, si peu utilisées dans la série classique et pourtant propices à explorer son ambivalence vis-à-vis des humains, qu’il aime profondément bien qu’il ne puisse supporter leur ignorance. La satire sur la réception à la télé par les voisins de Rose d’un moment que le Docteur qualifie d’historique est très savoureuse.
Niveau continuité, nous avons une nouvelle manifestation du Bad Wolf par un graffiti sur le TARDIS par un gamin du quartier. Le docteur qui examine le cochon se trouve être Tosh de Torchwood (Naoko Mori). Une explication a posteriori dans le spin off fera de cette apparition la première manifestation de la création de la reine Victoria, bien avant que le Docteur et Rose ne lui en inspirent l’idée. En Harriet Jones, parlementaire et future premier ministre, on retrouve Peneloppe Wilton, à jamais la mère de Shaun dans Shaun of the Dead et un futur personnage clé de Downton Abbey. La saison progresse. Rose persiste et signe dans son audace et s’éloigne cette fois de son monde en connaissance de cause.
N : 8
IM : 6
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