27-1 / 08 Father’s day
De Paul Cornell
Réalisation : Joe Aherne
Destination: Peter Alan Tyler. Le 7 Novembre 1987.
Le père de Rose, est mort renversé par une voiture alors qu’il se rendait à un mariage, alors qu’elle n’était qu’un bébé. Rose convainc le Docteur de retourner à ce moment pour que son père ne meurt pas seul. Mais à l’instant critique, elle ne peut s’empêcher de le sauver. Outre la colère du seigneur du temps qui se pose légitimement des questions sur les motivations de la compagne à le suivre, Rose découvre que son père était un petit combinard loin du grand homme que sa mère lui avait décrit. Tous se rendent au fameux mariage mais ils sont attaqués par des correcteurs du temps. Par la faute de Rose, le temps a été blessé et d’affreuses bêtes volantes bouffent tout le monde pour stériliser la plaie, commençant par les plus vieux. Alors que le monde court vers sa fin, le petit groupe d’invités et les mariés se barricadent dans l’église londonienne prise d’assaut par les exterminateurs…
Le Docteur et Rose jouent un jeu dangereux
La nouvelle série continue d’explorer les possibilités que la série classique n’avait pas explorées, faute de suffisamment d’attaches aux compagnons terriens. La photographie d’un père que Rose n’a connu qu’à travers les descriptions de sa mère…une légende qu’elle n’aura jamais pu cotoyer, à moins qu’un alien se pointe chez elle pour lui offrir cette chance inespérée de défier la mort. Russell T. Davies sait que tout est possible dans Doctor Who, et qu’on peut même braver les règles instituées par les classiques pourvu que le jeu en valle la chandelle. Avec Father’s day, Doctor Who s’attaque au paradoxe temporel et on sait à quel point il n’est guère aisé de jouer avec (remember Terminator!). Ca l’est encore moins quand on officie sur une série qui doit prendre en compte la possibilité de changer le cours des événements. Sur ce point, la série classique nous a déjà introduit à l’effet blinovitch et la non possibilité pour le voyageur d’intervenir dans sa propre ligne temporelle. Mais au lieu de se poser d’interminables questions de logique sur le sujet, Davies s’en remet à la disparition des TimeLords et des règles du temps, laissant à Steven Moffat les audaces de codification des désordres temporels qui lui vaudront quelques fois de se prendre les pieds dans le tapis. C’est mieux ainsi, car trop de complexité aurait nui à un épisode dont la substance se trouve dans l’expérience de Rose. Le génial Paul Cornell, auteur sur des histoires dérivées lors du hiatus 1989-2005 et futur scénariste du très émouvant dyptique Human nature / Family of Blood, apporte dans ce father’s day une réelle empathie pour l’expérience humaine et une maîtrise étonnante des enjeux.
Pete Tyler tilte. Il n’y aura pas de happy end.
Même s’il ne comporte aucun grand événement à l’échelle de l’univers, Father’s day est un des épisodes les plus puissants de Doctor Who, et un de ses plus atypiques. Le sentiment de perte est rendu de façon remarquable (alors que c’est la première fois qu’on entend parler du père) le temps d’un pré-générique inhabituel. On passe à une réalisation à fleur de peau et de remarques aussi naïves que spontanées d’une Rose spectatrice (elle le pensait plus grand, elle imaginait le jour de sa mort comme un jour extraordinaire…), de sorte qu’on ressent que la compagne parfaite à qui on donnerait le bon docteur sans confession est sur le point de flancher. Ces premières minutes inhabituelles créent un lien encore plus grand avec Rose, qui porte à une étrangeté mêlée de spontanéité toutes les interactions entre elle et Peter Tyler. Billie Piper et Shaun Dingwall sont parfaits. Inspiré comme pas deux, Murray Gold s’invite à la fête par un thème nostalgique magnifique qu’il prend soin de placer aux moments adéquats pour porter l’émotion encore plus loin.
Les reapers, grands nettoyeurs du temps en action
Mais Doctor Who reste une série comique et sa vocation est aussi, à la manière d’un retour vers le futur, à faire ressortir de cette époque tout le potentiel des rencontres. De ce côté là on est servis : Entre Jackie qui pense que Rose est la nouvelle maîtresse de son père, le petit Mickey Smith qui a déja une fâcheuse propension à courir et s’abriter derrière tout le monde (surtout Rose!), le Docteur qui garde le bébé Rose et le charrie sur le fait qu’elle provoquera la fin du monde dans le futur. Ajoutons-y un scénar’ très Carpentérien mettant un scène un siège dans une Eglise. On suit un petit nombre, mais il ne suffit que de quelques phrases pour prendre conscience que la même chose se produit partout ailleurs dans le monde. Father’s day est très important dans l’évolution des rapports entre Rose et le Docteur. Il montre que Nine est attaché au bonheur de Rose au point de sacrifier sa vie plutôt que de lui dire que la mort de son père pourra arrêter le processus. Mais il y’a cette voiture venue de nulle part qui appelle Peter Tyler à se sacrifier dans une poésie morbide. Elle hante ce personnage qu’on aimerait tant mieux connaître (l’interprétation de Shaun Dingwall aide beaucoup) , mais qu’on doit se résoudre à regarder mourir dans les bras de sa fille adulte. Father’s day restera un épisode à part dans Doctor Who, mais quel épisode !
N : 10
IM : 7
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