28/2-02 Tooth and Claw
De Russell T. Davies
Réalisation : Euros Lyn
1879. La reine Victoria a été victime de plusieurs tentatives d’assassinat. Elle décide de prendre refuge avec sa garde, Rose et le Docteur (qu’elle a croisés en chemin) dans le comté de Torchwood. C’est là que réside sir Robert, le fils d’un grand ami de son défunt mari, le prince Albert. Les deux hommes avaient pour habitude de discuter de légendes liées aux loups de la région tandis que le père de sir Robert était obsédé jusqu’à son dernier souffle par une étrange machine ressemblant à un télescope. Arrivé à destination, le groupe ne sait pas que quelques heures auparavant, des moines ont occupé les lieux par la force et qu’ils y’ont introduit un loup-garou. Le but de la manoeuvre est que la Reine devienne l’hôte du loup qui contrôlerait alors le Royaume-Uni et son empire (et l’Histoire aussi, tant qu’on y’est). La pleine lune se lève. Le loup remplace son hôte humain et les occupants se retrouvent coincés entre le choix de se faire dévorer, celui de se faire shooter par les moines dévots qui attendent à l’extérieur, sans oublier la sainte obligation de se sacrifier pour défendre la Couronne.
Un bel outil qui n’observera pas grand chose
On trouve dans Tooth and Claw les ingrédients d’une histoire de flippe efficace : Un huis clos, un danger introduit à l’intérieur dès le début (et de manière brillante), un mythe que tout le monde connaît (dans sa légère variation S-F), un enjeu de taille et le suspens habilement distillé durant tout l’épisode. Du classique, dans le bon sens du terme. Ce postulat d’angoisse met un peu en sourdine le jeu d’émulation perpétuel entre Rose et le Docteur, même si leur complicité prend toujours une bonne place dans l’épisode. Le loup est convaincant dans la limite de ce que les images de synthèse pouvaient rendre palpable à l’époque. Et disons-le clairement, l’organique à toujours bien mieux représenté le loup-garou. La reconstitution est superbe. La lumière est très belle, accentuant l’atmosphère victorienne des lieux. La musique plonge dans l’action. On est arrivé à un point ou chaque nouvel épisode de cette nouvelle série est un vrai petit film. Le classicisme de Tooth and Claw n’empêche pas quelques petites modernités. La plus saillante est la présentation des moines dans une démonstration d’arts martiaux qui ouvre l’épisode. Un mix entre films du genre et un style de réalisation énergique qui renvoie au cinéma anglais de ces dernières années, et particulièrement à Danny Boyle. La scène en question a pris une journée du planning et a profité de l’aide de David Forman qui avait bossé sur les combats de Batman Begins.
Le lancer de moines a lieu plus tôt cette année
Les personnages sont toujours bien dessinés, particulièrement la reine Victoria. La souveraine est tiraillée entre la raison de son rang et la peine causée par la mort de son mari, qui lui fait d’abord considérer les superstitions avec une certaine bienveillance. Pauline Collins arrive à transmettre cette idée, ainsi que la peur qui la saisit lorsqu’elle ne maîtrise plus rien sans délaisser le coté digne et hautain propre au personnage. Les petits détails de l’Histoire sont incorporés de manière fort plaisante au scénario, autant lorsqu’on joue sur l’hémophilie de la reine pour exprimer le doute sur un futur empire du loup deux siècles plus tard que lorsqu’un diamant bien connu devient l’arme ultime pour dézinguer le loup-garou. Le fait que le Docteur se présente comme James McCrimmon à la reine et sa suite aura de quoi raviver la nostalgie de Two et de son fidèle Jamie McCrimmon.
La classe, ça ne s’invente pas
L’ironie et la poésie ne sont pas non plus en reste avec ces deux hommes en apparence fantasques et puériles mais qui avaient pressenti le danger de leurs proches à venir avant leur mort et qui ont consacré leurs derniers instants pour mieux les protéger d’outre-tombe. Pour une parfaite conclusion, l’ingéniosité du Docteur et des scénaristes (qui est du même moule que le bricoleur de père de Sir Robert) feront le reste. Quand le danger était à l’intérieur, les deux parties du remède étaient fatalement réunies entre ces mêmes murs. C’est suite à cette aventure peu commune au domaine de Torchwood que la reine Victoria décidera de créer le Torchwood institute, ennemi proclamé du Docteur et autres créatures paranormales qui constituent un danger pour son pays. Le fil rouge de la saison est lancé.
Celle par qui la série Torchwood est arrivée. We were not amused.
N : 8
IM : 7
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