28 / 2-04 The Girl in the Fireplace
De Steven Moffat
Réalisation : Euros Lyn
« What’s pre-revolutionary France doing on a spaceship ? «
51ème siècle, constellation de Dagmar. Le Docteur, Rose et Mickey se retrouvent dans un vaisseau en perdition et sans âme qui vive. Ils y découvrent une porte ouverte sur la cheminée d’une petite fille française. En cette année 1722, Reinette se trouve poursuivie par un robot-horloge qui décide de lui laisser la vie sauve, constatant qu’elle n’est pas complète. Ce n’est pas qu’un passage, mais plusieurs que les robots ont ouvert sur différents moments de la vie de celle qui sera Madame de Pompadour, la maîtresse du roi Louis XV. Ainsi le jour de ses 37 ans, les automates mécaniciens du vaisseau pourront prélever son cerveau, dernière pièce (mystérieusement) nécessaire à faire repartir l’engin. De son enfance à Paris au château de Versailles, le Docteur surgira de ces portes pour affronter les robots vindicatifs qui veulent la tête de Madame Pompadour. Et il nouera avec elle une relation d’une proximité troublante et à deux vitesses à travers les années.
Une fillette victime d’une atteinte caractérisée à sa vie privée
The Girl in the Fireplace est un tournant dans le Doctor Who moderne. Au scénario, Steven Moffat nous avait déjà gâtés avec le diptyque The Empty Child / The Doctor Dances. Il passe à la vitesse supérieure avec ce vaisseau qui donne une vue sur la vie de Madame de Pompadour. Un portail temporel très spécial, fait de morceaux de décors, qui est la première marque dans la série de la complexité temporelle (aka wibby woobly timey winey) made in Moffat. A travers les deux lignes temporelles distinctes des amants, le scénariste apporte complexité et une profondeur inattendue à la série alors qu’elle était déjà loin de se reposer sur ses lauriers : La juxtaposition de l’importance d’un événement à l’échelle d’une vie (the slow path) face à l’aventure de quelques heures. A travers le personnage de Madame de Pompadour (pas le moins libéré de l’histoire de France) et cette romance temporelle déviante, on sent venir River Song. A travers la petite fille et cet ami imaginaire venu de nulle part émerge la petite Amelia Pond, la fille qui attendait. Les automates forment une menace originale et visuelle, prélude aux trouvailles Moffatiennes à venir (anges, silents…). Une nouvelle fois, c’est un réparateur qui est à l’origine des ennuis ! Enfin, il se dégage de the girl in the fireplace la même magie que les plus grandes réussites de Steven Moffat en tant que showrunner, avec la touche feel good de l’époque Russell T. Davies en prime.
Un cheval dans le vaisseau
Une romance à deux vitesses s’engage entre Madame de Pompadour et le Docteur, lors de laquelle elle parvient un court instant à devenir son égale, pouvant lire dans ses pensées. Rare dans sa vie, le Docteur devient si important pour elle qu’avant sa mort, c’est à lui qu’elle pensera. Mais ils n’auront pas l’occasion de se dire au revoir. Rappelant quelque peu le vieil homme, la mort et le temps de Richard Matheson, cette romance temporelle est portée par le coté irréel de l’épisode, par la musique émouvante et magique de Murray Gold et un rythme lent (pour la période Davies) qui ne fait qu’accentuer sa poésie. Le folklore de Versailles s’accorde parfaitement avec le reste. On se réjouit des anachronismes et on passe sur les petits arrangements avec l’histoire de France, qui sont bien moins nombreux que lors du passage de One dans la France de la Terreur (son époque préférée).
Un peu de Murray Gold et une touche de télépathie. Yeah baby !
Madame de Pompadour étant sur les rangs, la présence de Mickey, dans son premier voyage en tant que compagnon, permet d’occuper Rose sans que le problème de la jalousie ne se pose. Il est d’ailleurs dépaysant de voir le Docteur en grande partie en cavalier seul, chose nouvelle dans la série moderne. Les deux londoniens se promènent dans le vaisseau et font de nombreuses découvertes anachroniques (dont le cheval de la photo) et flippantes (littéralement le cœur du vaisseau), avant que Rose ne rentre à son tour vraiment dans l’équation. A travers l’emprisonnement du Docteur au XVIIIe et son contact avec la courtisane, elle aura un aperçu de l’horreur qui l’attend à la fin de son aventure. Jusqu’à la dernière image, The Girl in the Fireplace transporte par son originalité et son coté frais, jusqu’à cette révélation finale uniquement dévoilée par l’image sur l’identité du vaisseau : Le SS Madame de Pompadour. Seul le spectateur connaîtra le pourquoi de cette chasse spatiotemporelle. Mais qui s’en souciait encore ?
N : 9
IM : 7
Votre commentaire