29 / 3-08 & 09 Human Nature & The Family of Blood (La Famille de Sang & Smith, la Montre et le Docteur)

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29 / 3-08 & 09  Human Nature &  The Family of Blood (2 épisodes)

De Paul Cornell

Réalisation : Charles Palmer

Contraint de fuir une dangereuse famille de tueurs qui convoite ses régénérations, le Docteur se cache en 1913. Grâce au Chameleon Arch, un appareil capable d’enfermer son essence de Seigneur du Temps dans une montre, il devient John Smith, un humain professeur dans une école militaire qui a totalement oublié qui il était. Devenue sa domestique, Martha reste le seul lien le rattachant à son passé. Le professeur Smith tombe bientôt amoureux d’une infirmière et s’apprête à franchir un grand pas dans une existence humaine. Mais la famille est prête à tout pour voler la longue espérance de vie du Docteur. Arrivée sur Terre, elle investit les corps des humains du coin et lève une armée qui fait le siège de l’Ecole pour qu’il se rende. Martha doit faire revenir Ten, mais la montre qui contenait son essence est entre les mains d’un des jeunes élèves, et John Smith refuse obstinément de la croire.

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 L’esprit dans la montre, un vieux truc des seigneurs du temps

Le scénario de ce double épisode est admirable, gérant ce contexte original et alternant les multiples points de vue (parfois marqués par différents narrateurs en voix off) avec une fluidité étonnante. Il montre aussi une grande connaissance du personnage du Docteur et un je ne sais quoi qui le distingue des autres épisodes. Ce qui n’est guère une surprise lorsqu’on sait que Paul Cornell fut l’auteur de Father’s day. Il montre une fois de plus qu’il aurait fait un excellent showrunner sur Doctor Who. Cette maîtrise vient sans doute du fait que ce double épisode est une adaptation d’un roman que Cornell écrivit en 1995 et qui intégrait une série d’aventures du septième Docteur ayant lieu dans la période de hiatus de la série ( les Virgin Publishing New adventures, auxquelles avaient aussi participé Mark Gatiss, Gareth Roberts et Russell T.Davies). Elle est aussi à mettre au crédit des réécritures de Russell T.Davies, véritable deuxième scénariste non crédité de cette aventure, et qui expliquent sans doute la pertinence de cette aventure avec l’histoire du dixième Docteur.

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Pendant ce temps à l’Ecole militaire…

Ten y devient le John Smith qu’il s’ingéniait à jouer lorsqu’il rendait visite aux humains au gré de ses voyages. Le premier épisode se concentre sur la vie de celui-ci dans une Angleterre post-victorienne à l’atmosphère champêtre : Une ballade intimiste et romantique qui prend son temps dans la vie d’un homme amoureux et ancré dans son époque, qui ne se doute absolument pas que l’Histoire va bientôt faire des siennes. Le second épisode décrit le cauchemar et la fin de l’insouciance. Pour tous les sauver, Smith devra sacrifier son futur avec l’infirmière Redfern et redevenir le Docteur, cet être omniscient et effrayant dont le pouvoir est sans limite. La première qualité de cet immense diptyque est la simplicité avec laquelle il embrasse la problématique du Docteur post guerre du temps. Il adopte à travers John Smith le point de vue qu’ont les hommes sur le Docteur et John Smith reflète métaphoriquement le désir caché de Ten de fuir son identité. Depuis l’extinction de Gallifrey et la disparition des siens, son identification aux hommes semble d’autant plus forte, au point d’avoir pu tomber amoureux d’une humaine (Rose). Il y’a quelque chose du syndrome Superman dans le docteur de David Tennant qui ressort encore plus maintenant qu’il n’a plus sa moitié, et qui se valide par ses postures iconiques (qui iront grandissantes). Aussi ce diptyque arrive t’il à point nommé pour solder le complexe qui pousse Ten à l’autodestruction depuis qu’il a perdu Rose.

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 La famille de sang, qui va moins rire dans l’éternité qui vient

L’exilé de Gallifrey connaîtra donc l’expérience humaine, et nous aurons au moins des visions de ce que sa vie aurait pu être auprès de sa femme et des siens.  L’intérêt de cette expérience réside dans le fait que John Smith a oublié avoir été le Docteur et qu’il ne souhaite pour rien au monde le redevenir. Comment pousser l’humain à redevenir le Docteur sera le grand défi de Martha Jones. L’intelligence de l’épisode est de se placer du côté de John Smith. On arrive parfaitement à se mettre à la place de cet homme un brin pleutre et des autres gens qui voient débarquer le surnaturel dans leur quotidien. Cornell et Davies ne manquent pas d’y célébrer la mortalité des Hommes, que ce soit par les images fugaces que Smith perçoit en prenant la main de sa bien aimée, ou par l’intermédiaire du personnage de Latimer qu’on voit à différents moments de sa vie (Le dernier segment de l’épisode, qui lui est consacré, est très émouvant). La seule personne qui croit encore au Docteur sans le craindre dans cet aventure se révèle être Martha

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 Martha Jones contre l’humanité de 1913

L’élève franchit plus ou moins heureusement un palier supplémentaire en disposant de la vie du Docteur et du TARDIS. L’admiratrice devient malgré elle la protectrice de John Smith et de sa promise, un postulat exploité dans ses moindres recoins, jusque dans l’attitude condescendante des aristocrates anglais envers son triple statut de servante, de femme et de noire. Le fait qu’elle ait pu devenir ce qu’elle moins de cent ans plus tard montre beaucoup des révolutions sociales du 20ème siècle. Les réactions de John Smith envers elle prouvent, s’il en était encore besoin, que le Docteur était seul dans son introspection depuis le début de la saison. Martha l’en sort progressivement, mais il peine à se rendre compte de l’importance de sa présence à ce moment de sa vie. La loyauté et le sens du devoir de Martha, ainsi que sa ténacité dans un monde hostile sont bien mis en valeur. La solitude qu’elle traverse durant cette aventure sera un bon tremplin pour son épreuve finale, lorsqu’elle devra sauver son époque.
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 Latimer tient le seigneur du temps dans la paume de ses mains

Ce double épisode montre également une proximité avec l’Histoire qui rend cette immersion beaucoup plus réelle et tangible. Paul Cornell profite de ce contexte réaliste pour exposer la guerre à venir à travers un superbe siège, un affrontement surréaliste qui met les élèves apeurés face au choix qu’ils devront affronter un an plus tard: Tuer pour survivre. John Smith se cache derrière cette armée improvisée, évoquant la tendance du général influent à se protéger derrière de la chair à canon.

Mais il fera le bon choix au final et le Docteur reviendra dans une conclusion stupéfiante et à la hauteur de sa légende. De très bons rôles peuplent cet épisode, dont celui de l’infirmière lucide et empathique interprétée par Jessica (Stevenson) Hynes, ex coloc’ de Simon Pegg dans Spaced. On y voit aussi une des menaces les plus dérangeantes de la série qui prend la forme d’objets de tous les jours (des épouvantails) et des gens qu’on croise au coin de la rue. Le personnage de Latimer, gamin extra lucide qui tient littéralement le TimeLord entre ses mains pendant une grande partie du double épisode, est interprété avec une justesse impressionnante par le jeune Thomas Sangster. Celui-ci reviendrait dans Game of Thrones pour soutenir Bran Stark dans son exil (tout comme Harry Lloyd, l’interprète de Jeremy Baines, qui incarnerait le frangin Targaryen dans la saison 1). Au cœur de ce sans faute, Paul Cornell et Russell T. Davies se paient le luxe de dévoiler à travers cette montre énigmatique, la planque du futur ennemi de la saison.

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N : 10

IM : 8

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3 commentaires sur “29 / 3-08 & 09 Human Nature & The Family of Blood (La Famille de Sang & Smith, la Montre et le Docteur)

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  1. Très jolie chronique (pour un site également très sympa, soit dit en passant ; merci !).
    Ce diptyque est probablement l’un de mes épisodes préférés, idéalement dosé et conçu, que ce soit en effet sur l’histoire, la mise en scène et les personnages.
    C’est grâce à ce double épisode que j’ai accroché et commencé à suivre sérieusement la série. Peut-être car on n’y voit finalement pas vraiment le docteur habituel, mais plutôt l’image empathique que Martha se fait de lui… ce qui constitue une très bonne intro aux 35-et-quelques saisons de joie procurées par la série !

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    1. Merci! C’est effectivement un très bon point d’entrée à la série. Et redécouvrir ces deux épisodes à l’aune des épisodes classiques fut encore un plus grand plaisir qu’à l’époque de leur diffusion.

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