29 / 3-11 Utopia
De Russell T. Davies
Réalisation : Graeme Harper
Alors que Martha et le Docteur se ravitaillent sur la faille de Cardiff, le capitaine Jack Harkness voit l’occasion inespéré de s’expliquer avec le Seigneur du Temps. Il s’agrippe au TARDIS, qui se défend contre l’anomalie qu’est devenue Jack. Cherchant à se débarrasser du capitaine, le TARDIS conduit ses voyageurs à la fin de l’univers, en l’an 100 trillions sur la planète Malcaissairo. Une nouvelle race d’humains y chasse les autres humains réfugiés alors que ceux-ci se sont réunis dans le but de trouver Utopia, une terre promise qui les fera survivre à la grande fin. Le professeur Yana, un vieux scientifique aidé de l’extraterrestre Chantho met tout en oeuvre pour faire redémarrer le vaisseau qui les y conduira. Le Docteur et ses compagnons tombent à pic pour les y aider. Mais un hostile s’est faufilé parmi les humains, menaçant leurs plans, et la venue des voyageurs temporels fait remonter dans l’esprit du professeur des réminiscences d’une ancienne vie.
Les retrouvailles des deux vieilles branches
Premier épisode de l’arc qui conclut cette saison 3, Utopia nous offre enfin le retour du capitaine Jack. L’épisode fait suite au season finale de la saison 1 de Torchwood, dans lequel Jack comprenait grâce à son détecteur que le Docteur était arrivé dans leur époque. Heureusement on retrouve un personnage lavé de cette année à l’institut Torchwood qui part au quart de tour comme s’il n’avait jamais quitté la série. L’effet Doctor Who, sans doute. Et de retrouver une dynamique de trois qui fait rudement plaisir, ainsi que la main perdue du Docteur qui servait jusqu’ici de détecteur de Docteur au capitaine Jack. Cet épisode fait le point sur l’immortalité de Jack Harkness suite à sa résurrection par Rose et nous révèle qu’il a dû vivre plus d’une centaine d’années sur Terre avant de trouver Gwen et les autres. Un fait qui explique en partie la gravité du personnage quand on l’a retrouvé mais que les scénaristes de Torchebois ont visiblement jugé inutile de mentionner.
Le retour de Jack, les souvenirs de Rose et la pauvre Martha au milieu
Le futur le plus lointain possible est enfin exploré dans la nouvelle série et le résultat est plutôt moyen, se contenant d’une atmosphère et de décors vaguement post apo. On croit aussi difficilement à la présence de tant d’humains à la fin de l’univers (malgré l’effort de Russell T.Davies pour le justifier). L’exploit de l’épisode est surtout scénaristique, à savoir d’avoir brillamment lié le story arc de Jack, la menace interne et l’annonce du final de la saison. Utopia est un vrai point de convergence qui distille ça et là des indices sur Yana jusqu’à ce climax où la perspicace Martha découvre que le professeur possède une montre identique à celle dans laquelle Ten avait été enfermé en 1913.Le professeur est donc un Seigneur du Temps, celui-là même qu’avait annoncé Face of Boe (You Are Not Alone). Et pas n’importe lequel puisque c’est le Maître, qu’on n’avait plus revu depuis le téléfilm de Paul McGann. Derek Jacobi, plus connu pour son rôle du moine Cadfael, endosse le costume du Professeur facétieux avec une grande aisance qui attire aussitôt la sympathie. Tout de son questionnement intérieur passe par le jeu de Jacobi. Voir le Maître évoluer dans cette enveloppe de vieil homme altruiste est surprenant à la revoyure, car lui et l’ennemi historique du Docteur n’ont visiblement rien en commun, si ce n’est un besoin de reconnaissance astucieusement glissé dans les dialogues. Le choix de Derek Jacobi n’est pas un hasard car il avait déjà incarné le Maître dans Scream of the Shalka, une mini-série animée en flash sortie pour le 40ème anniversaire de Doctor Who. cette mini-série non-canonique avec le 8ème Docteur (joué par Richard E.Grant) était scénarisée par Paul Cornell (le scénariste derrière Father’s Day et Human Nature / Family of Blood) et David Tennant y tenait un petit rôle. Retrouver Jacobi dans ce rôle est un coup de coude qui n’inclut pas pour autant Scream of the Shalka à la mythologie de Doctor Who.
Tant d’années gâchées à ne pas être le Maître du Monde !
Lorsque Derek Jacobi prononce les mots « i am the master », c’est tout un pan de la série classique qui revient. On pense à ce qu’aurait pu être son Maître sur plusieurs saisons, mais il devra vite se régénérer dans la peau de John Simm (la première vraie régénération du Maître montré à l’écran). Empruntant le TARDIS, il laisse Ten, Martha et Jack en rade à la fin de l’univers. En dépit de quelques défauts, Utopia se greffe sans problème à cette deuxième partie de saison 3 irréprochable, et ressort encore grandi du visionnage des classiques. Le fil rouge du seigneur du temps perdu révélé, il reste à retrouver le temps de Martha pour découvrir ou en est cette fameuse élection et qui est le mystérieux Harold Saxon (ce dont on se doute). La perspective d’un Docteur et d’un Maître seuls dans l’univers sans les autres Seigneurs du Temps est d’ors et déjà bien excitante.
N : 9
IM : 8
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