31 / 05-04 & 05 Time of the Angels & Flesh and Stone
de Steven Moffat (2 épisodes)
Réalisation : Adam Smith
Cinquante et unième siècle. River Song envoie un message au Docteur à travers le temps pour qu’il la récupère dans sa chute d’un vaisseau, le Byzantium. Ils poursuivent le vaisseau jusqu’à la planète Alfava Pletraxis où celui-ci c’est écrasé. Le Byzantium transportait une des pires menaces qui soit : Un ange pleureur. Avec l’aide du père Octavien et de ses prêtres soldats, le Docteur, Amy et River devront faire leur chemin à travers le temple sur lequel lequel le vaisseau s’est écrasé pour neutraliser l’ange. Traverser des catacombes obscures et peuplées de statues, parfait repaire d’un ennemi qui sait profiter du noir pour emprisonner son ennemi dans le temps. Le jeu se complique lorsqu’ils s’aperçoivent que toutes les statues qui les entourent sont des anges, et qu’Amy va bientôt tomber dans leurs griffes.
Attention ! L’image d’un ange devient un ange.
Ce double épisode typique est aussi le premier dans l’ordre de production de la saison (donc le premier tourné par Matt Smith et Karen Gillan). En guise de note d’intention pour sa prise en main de la série, Steven Moffat nous offre un deux en un les anges pleureurs de Blink (meilleur épisode du relaunch) et River Song, soient ces deux plus belles créations. Toujours interprétée avec délectation par Alex Kingston, River Song passe du professeur expérimenté à une sorte d’aventurière charismatique, ou serait-ce plutôt le contraire car elle et le Docteur ne cessent de se rencontrer dans le mauvais ordre. Dans la ligne temporelle du Docteur, cet épisode se déroule bien avant leur histoire. Dans celle de River, ils ont déjà un très long passé et se sont même mariés. River a été sortie de prison par l’escouade et est sous la garde privée du père Octavian. Pourquoi était-elle en prison? Elle a tué un homme bon, « le meilleur homme qu’elle ait jamais connu ». En bon adepte des énigmes, Moffat nous laisse dans le doute pour encore une saison et en profite pour se jeter quelques pierres pour le futur qu’il rattrapera plus ou moins heureusement. Parmi celles qu’il a laissées retomber : River dit avoir connu différentes versions du Docteur et qu’elle a du mal à s’y retrouver. Nous savons désormais qu’à ce niveau elle n’aura connu qu’Eleven, puisque Twelve sera la dernière version qu’elle verra, avant la rencontre de Ten dans la bibliothèque. On remarque aussi non sans une certaine gêne qu’à aucun moment River ne s’inquiète des dangers que court Amy et qu’elle ne s’émeut guère de la rencontrer alors que la mise en danger de miss Pond met aussi en danger l’existence de River.
SPOILERS
Les anges pleureurs sont de retour, et dans un épisode en deux parties. Ce double épisode est un peu à Blink ce que Aliens était à Alien. La menace des anges de Blink était presque invisible, impalpable, imprévisible et d’autant plus terrifiante qu’elle redistribuait arbitrairement la vie de ceux qu’elle croisait. Ici la menace est identifiée dès le départ. De silencieuse et grégaire, on la voit personnifiée au point d’utiliser la voix d’un homme pour exprimer ses sentiments. Si la règle de base du « don’t blink » a été conservée, on a ajouté plusieurs autres qu’Amy découvrira à ses dépens (Les yeux sont les portes de l’esprit et permettent aux anges d’entrer dans ceux qui les regardent, l’image d’un ange devient elle-même un ange…), des règles qui identifient trop la menace et qui s’entrechoquent comme autant de justifications scénaristiques alors que la première règle se suffisait à elle-même. Enfin, la sentence du voyage dans le temps n’existe plus. Les anges tuent comme n’importe quel ennemi. L’idée de la mission de sauvetage déguisée est très bien vue, comme le fait que les anges aient dépéri par manque de transmission de leur image (leur image est leur pouvoir) mais elles semblent avant tout être là pour expliquer des attaques lentes et sporadiques, faisant au final des anges un ennemi plutôt abstrait alors que, pour Sally Sparrow, cette menace était aussi simple que concrète. Le résultat est donc une belle déception, compte tenu du postulat de départ.
Quelques anges sont dissimulés dans cette photo
La mise se trouve néanmoins sauvé par la décision du Moff’ de placer le noeud de son fil rouge au sein du second épisode du diptyque. Bonne idée pour avoir une vue d’ensemble dès le début du tournage et première contradiction avec le schéma de Davies qui se voulait discret sur les indices. Moffat a choisi quelque chose de plus feuilletonnant, il nous en dira donc beaucoup plus dans Flesh and Stone, révélant que la faille qui est venu leur rendre visite et qui a va être créée par une explosion efface carrément de l’Histoire les gens qui tombent dedans, comme s’ils n’avaient jamais existé. Ceci expliquerait pourquoi Amy ne se souvenait pas des Daleks malgré les événements de la fin de la saison 4, que les cybermen soient passés inaperçus et peut-être bien la disparition des parents d’Amy (à ce niveau, on peut encore douter). Cette faille est finalement bienvenue car elle offre le premier morceau de bravoure du nouveau showrunner et donne à Amy l’occasion d’acquérir enfin ses galons de compagne. Miss Pond a regardé trop longtemps l’ange dans la télévision si bien que si elle reste les yeux ouverts, elle va mourir. Elle doit alors rester les yeux fermés alors que les prêtres soldats qui la surveillent disparaissent un à un dans la faille sans se souvenir que le précédent a existé. Effrayant.
Les douze travaux d’Amy, vus par Steven Moffat
Le chemin de croix d’Amy se poursuit un peu plus tard lorsqu’elle doit, pour retrouver le Docteur, avancer parmi les anges en se guidant de son communicateur tout en faisant gaffe de ne pas les alerter, jusqu’à ce qu’elle tombe… Dans ces scènes, Karen Gillan campe une Amy Pond plus humaine et en proie au doute, ce qui fait beaucoup de bien au personnage. Cependant, la tendance de Steven Moffat à aligner les bonnes idées sans se soucier de leur développement dramatique contribue à amoindrir l’effet. A ce moment, la menace des anges devient secondaire, mais le montage alterné est toujours là, amoindrissant l’effet. La vérité est qu’on aurait pu se passer de l’histoire des anges et qu’un loner centré sur la faille aurait été nettement plus efficace. Au final, Amy revient chez elle, avoue au Docteur qu’elle allait se marier et qu’elle a réalisé qu’il faut qu’elle se tape un alien à la veille de son mariage (WTF ?!).
Iain Glenn, spécialiste des personnages qui n’ont pas de veine
Vu le run de Moffat sous Russell T. Davies, ce premier gros morceau du showrunner est une belle déception, pêchant par une trop grande ambition, par trop de bonnes idées noyées et une progression dramatique brouillonne. Mais il pose un grand nombre de jalons pour l’avenir. Outre le retour d’Alex Kingston, nous y retrouvons Iain Glenn, parfait en prêtre du futur bien avant son rôle d’amoureux transi dans Games of Throne et Simon Dutton qui vient rendre une petite visite en début d’épisode. La réalisation est soignée et la mécanique River Song est bel et bien lancée.
L’inquiétante lumière qui vous fait disparaître de l’Histoire
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IM : 9