6-04 The Doctor’s Wife
de Neil Gaiman
Réalisateur : Richard Clark
Le Docteur reçoit le message d’un autre Seigneur du Temps, le Corsaire. Il décide donc de quitter l’univers pour le rejoindre. Mais voilà que l’esprit du TARDIS disparaît, laissant nos trois voyageurs en rade. Elle (le TARDIS est une femme) s’incarne dans une demoiselle. Le maître des lieux, House, pas un Docteur cynique mais un astéroïde parlant, semble jouer à réparer les voyageurs cassés. Mais House a tué des Seigneurs du Temps à la pelle pour enfermer leurs voix dans des boîtes et se nourrir de leurs TARDIS. Pendant que le Docteur fait connaissance avec son TARDIS personnifié dans le corps de la pauvre Idris, il met en danger Amy et Rory en les laissant dans le TARDIS matériel. Les voilà emportés par House qui veut faire du vaisseau sans âme son nouveau domicile et tuer les Pond, après avoir un peu joué avec eux. Pour les aider, le Docteur doit construire un nouveau TARDIS matériel avec l’aide du TARDIS personnifié.
Une boîte mail que le Docteur avait déjà envoyée à Gallifrey il y’a très longtemps
Après Richard Curtis dans la saison 5, Neil Gaiman est l’illustre scénariste invité de cette saison. Mais sa collaboration avec Steven Moffat prévoyait qu’il arrive plus tôt. Les deux hommes s’étaient rencontrés à la fin du run de Russell T. Davies pour un épisode qui serait le onzième de la saison 5 (remplacé au final par The Lodger). L’idée première était celle d’un Docteur menacé au sein même du TARDIS qui permettrait de centrer l’action à l’intérieur du TARDIS, chose qui avait été faite dans un épisode huis clos aux débuts de la série. Une visite un peu plus en détail (et décevante) de l’intérieur du TARDIS nous avait également été offerte dans l’arc The invasion of time. Mettre le Docteur en danger au sein de son vaisseau paraissant improbable, c’est Amy qui serait la victime de l’entité mystérieuse. Une fois l’épisode déplacé en saison 6, il fallait ajouter Rory, car son retour de l’oubli et son intégration en tant que compagnon n’avait à l’origine pas été prévus. L’idée centrale (et neuve) de l’épisode du TARDIS rencontrant le Docteur ne vint qu’ensuite pour expliquer où était son âme tandis que le danger rôdait à l’intérieur du vaisseau. Après maintes réécritures et un certain découragement de Gaiman, Moffat reprit le flambeau pour terminer l’épisode, notamment pour recaractériser les personnages et gérer les problèmes de budget. Cette production aventureuse se ressent dans le côté un peu fouillis de the Doctor’s Wife qui rejoint dans ses meilleurs moments un esprit Gilliamien. Elle se ressent aussi dans un mix du meilleur comme du pire de ce qu’on a vu depuis l’avènement d’Eleven.
Le couple Pond enfermé dans un TARDIS qui veut leur mort : le quotidien d’un voyage cauchemardesque avec le Docteur
La première faute de goût de l’épisode et d’évacuer toute possibilité dramatique qui pourrait découler de la mythologie de la série. On se retrouve au-delà de l’univers à la recherche d’un Seigneur du Temps qui pourrait être en vie, et cette idée ne fait pas grand-chose à Eleven. Ok il a changé, les Seigneurs du temps lui ont remontré leur vraie nature, mais l’utilité de convoquer autant de circonstances exceptionnelles pour les survoler rappelle comment Steven Moffat a tordu la cohérence de Doctor Who à la fin de sa saison 5 pour l’adapter à son propre scénario. De ce fait, l’idée d’explorer des lieux inédits ou de se retrouver dans une situation inédite est devenue banal, et plus rien n’a vraiment de conséquences. Eleven ne sort pas non plus vainqueur de cet épisode, mettant une nouvelle fois ses compagnons en grand danger et montrant sa perspicacité à rebours. Il devient une vraie menace pour le couple Pond, qui n’a pas fini de subir la glauquitude des voyages au sein du TARDIS. Nous aurons également droit à la scène de la « mort de Rory» (cette fois de vieillesse) qui sent dangereusement le sautage de requin, ou bien un aveu de la difficulté à donner un vrai relief au personnage.
Rory n’était pas encore mort de vieillesse. Check.
Malgré tout, l’épisode reste plaisant et complètement à part dans la progression de Doctor Who. L’idée de séparer l’âme du TARDIS est si ingénieuse qu’on se demande comment on a pu passer à côté jusqu’ici. Le TARDIS n’a t’il pas été constamment personnifié par le Docteur ? Cette idée casse gueule (rien que le vortex aurait pu tuer Rose d’un coup) est d’ailleurs habilement exécutée, nous offrant une belle rencontre entre le voyageur et son vaisseau. Une fois les plaisanteries sexuelles évacuées, il en ressort un vrai attachement du Docteur pour la machine qui l’a volé (ou qu’il a volé). Un attachement qui se trouve être réciproque. House utilise avec Rory la méthode de la séparation temporelle qu’on retrouvera dans The girl who waited, un miroir du futur proche d’Amy Pond, qui lui fera lourdement payer le fait d’avoir voulu s’évader avec le Docteur. Une escale donc pas si mal au cœur d’une saison faible en loners originaux, et qui enrichit son casting de pointures par Michael Sheen, qui incarne la voix de House. Nous nous voyons gratifier d’une nouvelle énigme, très importante pour la suite : The only water in the forest is the river. Vous devez bien avoir deviné ?
Quand le vaisseau rencontre son capitaine
N : 7
IM : 8
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