35 / 9-06 The Woman who lived
de Catherine Tregenat
Réalisation : Ed Bazalgette
A la recherche d’un objet alien, le Docteur débarque seul au beau milieu de l’attaque d’une calèche en 1651. L’attaque en question est menée par Ashildr, qui a traversé les époques et est devenue me, un nom qu’elle s’est choisie pour marquer son absence d’attaches suite à la mort de tous les siens à travers les 800 ans qu’elle a vécus. Riche lady reconvertie en bandit masqué pour le frisson de l’aventure, elle recherche le même artefact que le Docteur. Ils décident de procéder ensemble au vol du précieux. Mais Me compte doubler le Docteur avec Leandro, un alien aux allures de lion qui a aussi perdu les siens et l’amulette qui le faisait voyager. Me et Leandro souhaitent pouvoir profiter de l’amulette que ce dernier a perdue sur Terre. Lui pour pouvoir de nouveau voyager, elle pour quitter ce monde dans lequel elle se sent emprisonnée et dont même le Docteur ne veut pas la libérer. Mais pour ouvrir le portail, il faut qu’il y’ait un mort, une mince fracture dans la réalité pour l’immortelle, mais beaucoup plus pour Twelve, qui va devoir monter au créneau.
Me, une wanna-be compagne de premier choix
The Woman who lived est la suite directe de The Girl who Died. L’émotion et la vie du premier épisode laissent place à un épisode plutôt froid, en accord avec l’existence difficile d’Ashildr. Il serait tout à fait classique s’il n’était pas tout au service de ce nouveau personnage Moffatien qu’est Me, vampirisé par le splendide thème que Murray Gold lui a réservé et mené par une Maisie Williams à l’aise blaise dans un des rares personnages ambigües de la série. Bien qu’il se dégage de son jeu une aura malsaine, il est difficile de ne pas compatir pour Me. Coincée dans l’Histoire et forcée de voir mourir tous ceux qu’elle côtoie, elle devra encore attendre pour quitter la Terre. Elle se trouve d’autant plus délaissée que le Docteur, pour une raison qu’il taira jusqu’à la fin de l’épisode, refuse de lui accorder. L’immortalité comme un poids traitée de manière bien plus frontale que pour le Capitaine Jack renvoie aux vampires torturés d’Anne Rice. Et c’est finalement bien d’un humain que Me décidera de se nourrir pour pouvoir échapper à son calvaire. The Woman who lived est un épisode déstabilisant, car il met en exergue la conséquence d’une erreur, et un sérieux dilemme pour Twelve. Face aux suppliques de Me, la gravité « muette » de Twelve le place en irresponsable, en porte à faux avec celui qu’il est vriament. Pourquoi n’aurait-elle pas droit de s’envoler pour échapper à ce destin long et pesant ? Pour simplifier l’équation et revenir à un bête combat du bien contre le mal, l’épisode utilise trois artifices : la traitrise du léonien clairement identifié comme bad guy (l’imagerie de la belle et la bête à contre-emploi reste cependant une belle idée), le sacrifice de l’humain et le danger plus grand de l’ouverture du portail. Ainsi le dilemme créé, qui aurait pu mener à quelque chose de bien plus intéressant, est en partie plombé par une résolution rapide et sans grand relief.
Face à sa belle, le roi lion joue la comédie
Le prolongement de l’épisode est visiblement de disserter (encore) sur le pourquoi d’une compagne humaine pour le Docteur, et particulièrement de cette compagne idéale qu’est Clara Oswald. Un contrepoids qui permet l’équilibre dans la vie de l’immortel (que ce soit Me ou le Docteur), un lien avec la réalité des choses. Jenna Coleman est absente de cet épisode jusqu’à la dernière scène, où son thème doux amer et sa présence viennent remplir de nouveau l’espace austère et remplacer le thème de Me. Cette vue est rétrospectivement intéressante, bien qu’incomplète puisque le Docteur pourrait très bien voyager avec Clara et l’immortelle sans que sa dynamique n’en soit fondamentalement contrariée. Le retour de la deuxième fiole d’immortalité à la fin de l’épisode pour sauver le brigand Sam Swift (un personnage bien anecdotique) et refermer le portail fait également figure de Deus Ex approximatif, alors qu’il était nécessaire d’aborder la question d’un compagnon immortel pour Me bien plus tôt (une solution autre que la fuite déjà présente dans le premier épisode !). Toujours ambigü à l’issue de cet épisode, Me devient un miroir terre à terre du Docteur, une sainte patronne qui secourera ceux qui restent quand ils part. L’épisode n’est pas ce qu’il aurait pu être, mais en l’état, Maisie Williams et Murray Gold ont sauvé admirablement les meubles.
« Tu n’as pas sauvé ma vie Docteur, tu m’y as piégée.»
N : 7
IM : 8
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