35 / 9-10 Face the Raven
de Sarah Dollard
Réalisation : Justin Molotnikov
Un coup de téléphone de Rigsy arrache le Docteur et Clara à leurs joyeuses aventures. Le jeune Bristolien rencontré dans Flatline s’est réveillé sans aucun souvenir (effet d’un retcon pour oublier avoir rencontré un alien- cf Torchwood), avec un tatouage qui effectue un compte à rebours. Le Docteur lui annonce qu’il va bientôt mourir. Ils se mettent en tête de retrouver une rue cachée dans Londres qui n’apparaît sur aucune carte et dans laquelle les événements qui ont mené au tatouage se seraient passés. Leur quête les conduit à une ruelle s’ouvrant sur une petite ville, un camp de réfugiés aliens administré par Me/Ashildr. Rigsy a tué un des réfugiés dans ce camp et il a été condamné à mort par l’immortelle, devenue Maire de la ville. A l’échéance du chronolock, une ombre quantique, une malédiction sous la forme d’un corbeau viendra lui retirer la vie. Mais Rigsy a été piégé par quelqu’un qui l’a appelé dans la rue. Me accepte que le Docteur enquête pour innocenter le condamné. Lorsque Clara apprend que la condamnation peut être transmise, elle demande à Rigsy de lui la refiler, pensant que sous la protection de la maire, elle ne risque rien et qu’ils pourront gagner du temps pour l’enquête. Elle parvient à convaincre Rigsy de le faire sans en avertir le Docteur, mais les choses ne se passent pas comme prévu.
Rigsy, Twelve et Clara, pas bienvenus dans la Jungle
Nous y voilà, au dernier voyage de Clara Oswald. Suspendue dans le vide au-dessus de Londres alors que le TARDIS essuie des secousses, la compagne sans peur s’apprête à se voir remettre les pieds sur Terre de la façon la plus radicale. Face the Raven est un épisode habile dans son premier trois quart, un whodunit honorable dans un monde qui ne dépareille pas de cette saison 9 ouvertement politique. Comme pour le double des Zygons, il y’est question de réfugiés. Mais nous explorons ici un autre versant, celui des camps, avec la précarité et la violence qui est la leur. Les aliens y ont une apparence humaine pour l’œil extérieur grâce à un champ télépathique semblable au traducteur du TARDIS. Au beau milieu de cette poudrière dans laquelle se croisent les espèces les plus dangereuses de la galaxie, Me doit se comporter en fine politicienne et instaurer une loi impitoyable. Elle a pour cela passé un contrat avec l’ombre quantique en lui promettant les âmes des coupables. La scénariste Sarah Dollard prend acte de cette tension pour nous détourner de la vérité, et il y parvient sans problèmes, tant ce monde parallèle apparaît réel et les problèmes qui sont les siens font écho à notre actualité. Le compte à rebours sur Clara achève d’impliquer dans la résolution de l’intrigue, mais nous pouvons toujours nous croire dans un épisode qui connaîtra une résolution heureuse. Le scénario est par ailleurs truffé d’inspirations bien digérées. Le monde parallèle au sein de Londres rappelle le train pour Poudlard d’Harry Potter. L’ajout du corbeau, une première référence à Edgar Allan Poe pour la fin de cette saison, apporte un peu de poésie morbide à cet univers étouffant, et un mauvais augure annonciateur de la fin, car c’est bien ce corbeau qui actera le « jamais plus » entre Twelve et sa moitié.
Me, plus seule qu’elle ne l’a jamais été
Et puis le voile se lève. Ashildr a attiré Rigsy dans la rue comme un appât. Elle savait qu’il connaissait le Docteur et qu’elle pouvait l’amener dans sa ville et l’emprisonner par le biais de l’énigme. L’alien en question n’est pas morte, et pour la libérer de sa chambre de stase, le Docteur doit enfiler un bracelet téléporteur. Me a fait un deal avec une personne inconnue pour protéger sa rue en échange du Docteur. Lorsque Me veut retirer la malédiction de Rigsy, Clara dévoile son stratagème. Mais elle n’avait pas prévu que lorsqu’elle prendrait le sort à son compte, Me serait hors du contrat. Clara n’a plus aucun recours pour éviter la mort. Les cinq dernières minutes de l’épisode annoncent la fin du jeu, éprouvantes. Le Docteur promet l’enfer à Ashildr si elle ne libère pas Clara, et il n’y a aucun mal à le croire. Pour éviter cela, Clara assume son erreur et elle lui ordonne de ne pas venger sa mort, de ne pas redevenir le guerrier qu’il était pour ne pas insulter sa mémoire.
« i guess we just both gonna have to be brave »
Puis elle va affronter une mort des plus stupides qu’elle essaiera de rendre la plus digne possible, un peu en vain. Le gap entre la stupidité de cette mort et l’intensité de ces dernières minutes est à la mesure de ce que Steven Moffat et son équipe, mais surtout Coleman et Capaldi ont su installer sur ces deux années entre les deux personnages. Tout est déjà là, il suffit d’appuyer sur le bouton. Pas besoin de plus de mots de Capaldi pour comprendre l’horreur du Docteur alors qu’il s’apprête à perdre une partie de lui-même, ni la difficulté avec laquelle il consent à ces dernières volontés, ni à quel point la suite va être sans précédent. Voilà Clara envoyée ad patres et le Docteur en route vers sa prison. Et sans prévenir, cette saison en demi-teinte s’apprête à repousser les limites de la série. C’est parti pour le Moffat/Talalay/Gold/Capaldi show.
N : 8
IM : 7
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