35 / 9-11 Heaven Sent (Descente au paradis)

35 / 9-11 Heaven Sent

de Steven Moffat

Réalisation : Rachel Talalay

CETTE CHRONIQUE EST UN NID A SPOILERS COMME TOUTES LES AUTRES, MAIS IL SERAIT DOMMAGE DE SE GACHER CETTE EXPERIENCE EN PARTICULIER. DONC SI TU N’AS PAS VU HEAVEN SENT, TU ES PRIE DE PASSER TON CHEMIN.

Téléporté après la mort de Clara, Twelve se réveille dans une forteresse entourée d’eaux. Une mystérieuse faucheuse rôde. Piégé, le temps s’arrête et il se rend compte que les pièces du château se déplacent à chacune des ses confessions. Le Docteur comprend qu’il est dans une chambre de torture et que le mystérieux géolier veut lui soutirer un secret connu de lui seul. Il tente de prendre le contrôle de sa prison en s’aménageant un espace dans le TARDIS. Un espace où Clara est toujours là.  Un indice lui indique que la réponse est dans la pièce numéro 12. Dès lors, il s’emploie à tromper la faucheuse et à gagner sufisament de temps pour trouver cette pièce. A l’issue de ce jeu, il se trouve face à un mur de spantium 400 fois plus dur qu’un diamant, à une confession de la liberté. Touché par la mort, Twelve n’a pas d’autre choix que de poursuivre le cycle une fois de plus. Le même cycle qu’il revit maintenant depuis 7000 ans.

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L’avant-dernier épisode de cette neuvième livraison moderne décrit le combat du Docteur pour quitter cette forteresse, soit près d’une heure de One man show de Peter Capaldi  et un nombre d’années impressionnantes dans la vie du Docteur. Si le corbeau a été fatal à Clara, le Docteur pourrait bien hériter d’un destin différent tiré d’une autre oeuvre d’Edgar Allen Poe, Le Puits Et Le Pendule. Enfermé dans ce château perdu dont les pièces se meuvent comme un rubix cube, il devra se confesser pour échapper à la mort et relever des indices qui le rapprochent (et le spectateur) d’une incroyable vérité, celle que tous ces morts ne sont que lui-même qui parcourt incessamment la même boucle. Cette révélation mène à un bouquet final porté par le thème tout en crescendo de Murray Gold et le montage parfait de Rachel Talalay, qui s’empare de la narration et des mots de Peter Capaldi. A l’issue de ce bouquet final, difficile de ne pas inscrire Heaven Sent aux côtés des meilleurs du show. Il y’a même peu d’épisodes de séries télé qui peuvent se vanter d’avoir une aussi belle photo, des plans aussi marquants, un montage aussi malin, une réalisation aussi ample et un tel pic émotionnel.

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« I’m not scared of hell. It’s just heaven for bad people. But how long will i have to be here ? Forever »

Au-delà de ces qualités formelles, cette longue introspection de Twelve permet de faire le point sur le fonctionnement du Docteur moffatien et de voir à quel point le compagnon est une partie de lui-même. Dans sa solitude, Twelve se constitue un palais mental du TARDIS via lequel il s’adresse à Clara, le même palais mental que Moffat et Gattiss ont attribué à Sherlock Holmes dans la série Sherlock. Brisant l’autisme pas vraiment visuel du génie de Baker Street, cet artifice permettait d’étirer dans le temps une réflexion instantanée du détective, portée à son paroxysme dans l’épisode diffusé au nouvel an 2016, the Abominable Bride. Heaven Sent pose ce TARDIS mental et la présence de Clara, de ses craies et de son tableau qui résument si bien leur duo comme la condition de survie du Docteur dans cet univers de solitude où même la notion de temps a disparu. Le Docteur moffatien serait donc un Sherlock dans l’éternelle nécessité de son John Watson, seul personnage capable de le relancer, de nourrir sa réflexion. De façon plus prosaïque, il se trouve être dans un Docteur dans l’éternelle nécessité de Clara Oswald. Et dans cet accomplissement qui permet à Twelve de s’échapper de sa forteresse au bout de 4,5 millions d’années (!), il y’a déjà la réponse à la question pour laquelle le géolier torture le Docteur : Qui est l’hybride ?

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Every hundred years, a little bird comes and sharpens its beak on it

Mais cet épisode est peut-être aussi fort car il dépasse la mythologie de Doctor Who pour toucher la question du deuil dans un sens plus large. Cette forteresse est l’éternité que le Docteur doit traverser pour surmonter son deuil de Clara. Il doit sans arrêt tenter d’enterrer le passé pour faire revenir une nouvelle personne qui pourra peut-être échapper à la solitude, mais sans aucune garantie.  Dans cette heure qui signe le triomphe de Peter Capaldi, il n’y aurait peut-être qu’une chose à jeter, le cliffhanger final un peu pompier. Un plan sur la citadelle aurait suffi, mais ne mégotons pas sur ce qui pourrait être et voyons ce qui est. Heaven Sent est un chef d’œuvre du petit écran.

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How many seconds in eternity ?

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