36 / 10-02 Smile
de Frank Cotrell-Boyce
Réalisation : Lawrence Gough
Malgré l’interdiction de Nardole qui le somme de rester pour garder le coffre, le Docteur conduit Bill dans une des premières colonies spatiales humaines, avant l’arrivée des colons. Ce monde est peuplé de Vardies, des nanorobots qui sont chargés de rendre les nouveaux arrivants le plus heureux possible et dont l’interface parle l’émoji (!). Ils délivrent à Bill et à Twelve un badge indicateur d’humeur qu’ils doivent porter dans leur dos afin de jauger leur humeur. Problème : Les Vardies ont ordonné la suppression de tous les installateurs qui ne souriaient pas pour s’en servir de fertilisant. L’entière structure étant faite de vardies, Twelve décide de faire exploser les lieux avant qu’ils ne tuent les futurs colons. Jusqu’à ce qu’ils découvrent que le vaisseau colon est bien arrivé avec les derniers survivants terriens, cryogénisés. A leur réveil, ces derniers humains découvriront que leurs proches ont été tués et ils devront sourir, sous peine d’être à leur tour exterminés.
Un monde peuplé d’émojis, une horreur bien réelle
Contrairement aux compagnes modernes précédentes, le baptême du feu du futur pour Bill s’est fait sur son premier épisode. Il s’agit donc là d’un deuxième voyage dans le futur orchestré par le scénariste du plutôt bon in the forest of the night. Smile est un épisode de bonne facture qui dévoile les effets néfastes d’une utopie en recyclant habilement des ressorts habituels de la série. La problématique de l’anéantissement de la douleur et des sentiments négatifs n’est pas nouvelle. Elle croise ici une vision très épurée de l’architecture et du langage du futur. La mauvaise interprétation de robots censés guérir devenus des exterminateurs est un ressort scénaristique introduit par Steven Moffat pour son premier épisode en tant que scénariste sur la série et qu’il a depuis beaucoup repris. Les vardies n’avaient jamais entendu parlé de deuil, ils ont identifié le sentiment engendré par la première mort naturelle dans la colonie comme un ennemi du bonheur, à supprimer absolument. Si le déroulement est prévisible, les enjeux s’intensifient lorsque Bill et le Docteur découvrent que la vie des derniers humains est en jeu. La dernière scène qui voit la confirmation de l’accès à la conscience des vardies emporte tardivement l’épisode vers d’autres considérations plus métaphysiques, et une résolution dans la lignée de la philosophie de Doctor Who: On ne se contente pas de dégommer l’ennemi robot pour se venger mais on accepte la reconnaître en tant que nouvelle forme de vie autochtone.
Cherchez le Vardi Acte I
Le petit plus de Smile se trouve dans le rajeunissement de la série et la prise en compte la génération de Bill. Twelve est fidèle à son côté de froid scientifique lorsqu’il se plaint qu’ils sont arrivés dans l’utopie d’adolescents futiles faite de smileys et de robots faits pour te rendre heureux. Mais Bill est comme un poisson dans l’eau au milieu de cette technologie créée pour servir. Il ne faut pas y voir une critique de la dépendance des nouvelles générations, mais plutôt une aisance naturelle de ceux-ci à évoluer au sein de la technologie, à l’utiliser (et à l’intégrer au sein de leur réflexion ?). Avec sa perspicacité habituelle, Bill pose les bonnes questions (des données sont récoltées par les robots. Qui gère ces données ?) et balance des remarques pertinentes sur les codes établis de Doctor Who sans pour autant adopter une attitude cynique. Son authenticité tranche vivement avec le côté très cérébral et calculateur de Clara et confirme le marquage de la série d’une aura nettement plus légère. Elle donne aussi un coup de boost à un Docteur Moffatien très marqué par le drame. Seul regret pour ce sympathique loner : l’écartement de Nardole de l’épisode, qui s’explique probablement par une nécessité de consolider les fondations de la relation entre Bill et Twelve. Voilà qui est désormais fait, et sous les meilleurs auspices.
Cherchez le Vardi Acte 2 : l’interface
N : 7
IM : 5
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