36 / 10-10 The Eaters of light
de Rona Munro
Réalisation : Charles Palmer
Aberdeen, Ecosse. 2ème siècle après J-C. Le Docteur veut prouver à Bill que les 5000 soldats de la neuvième légion romaine ont été anéantis dans une bataille il y’a longtemps, mais Bill reste persuadée qu’ils ont atteint l’Ecosse. Bill a pourtant raison ! Elle tombe sur un soldat de la neuvième Légion qui lui explique qu’ils auraient été attaqués par un monstre. Nardole et Twelve sont capturés par des pictes alors qu’ils explorent un tumulus. Le Docteur s’échappe et ouvre la Porte, un portail dans le tumulus. Revenant deux jours plus tard alors qu’il n’y a passé que deux secondes, il en conclue que c’est une faille temporelle inter-dimensionnelle. A chaque génération, un guerrier passe la porte et combat le monstre pour le retenir. La picte gardienne de la Porte l’a laissé s’échapper afin qu’il tue l’envahisseur. Mais ce monstre est un Locuste dévoreur de lumière qui s’attaquera fatalement au soleil et aux étoiles. Pictes et romains devront s’unir pour le renvoyer de l’autre côté du portail et garder la porte jusqu’au coucher du soleil.
Et avec ça on tourne encore dans des cavernes ?
Un petit passage par l’Ecosse et ses superstitions était obligatoire en compagnie d’un Docteur et d’un showrunner écossais (Capaldi vient de Glasgow et Steven Moffat est né à Paisley, tout près de…Glasgow). L’auteur de ces lignes serait bien le dernier à s’en plaindre, et serait même tout disposé à signer une pétition pour que nous puissions voir un peu plus de la Terre de Jamie McCrimmon, et un peu moins de Londres. La perspective de l’épisode est d’autant plus alléchante que nous explorons un mystère qui divise encore les historiens : la disparition de la neuvième légion romaine de tous les écrits au 2ème siècle après J-C. Pour certains elle aurait été déplacée ou dissoute. Pour d’autres, elle aurait été vaincue par les pictes écossais. Rona Munro, qui fut la scénariste de Survival, le dernier épisode classique 28 ans auparavant, explore une troisième voie qui réconcilie à la fois l’Histoire, la superstition picte et la mythologie de Doctor Who : un monstre invincible a traversé un portail et a décimé les romains…mais pas tous. Contre l’avis du Docteur, les survivants auraient rejoint Kar, la gardienne de la porte dans le portail pour retenir la bête, pour ne plus jamais revenir dans leur monde (ou bien des siècles plus tard). Ainsi sauvèrent-ils notre monde et l’univers tout entier. Depuis, les corneilles auraient cessé de parler comme les humains pour ne plus répéter que le nom de la gardienne « Kar » et ainsi porter sa mémoire. Voilà de quoi donner un épisode mémorable.
Ce crétin est prêt à tout pour un peu de lumière
Le problème est que la poésie que porte The Eaters of Light sur le papier ne se ressent que peu à l’écran, la faute à un scénario trop prévisible et particulièrement bavard. La classique séparation pour rejoindre deux camps que tout oppose est un coup classique qui aurait mérité un minimum que l’on déjoue nos attentes. Les survivants de la légion romaine ressemblent trop à des jeunes anglais de 2017 pour convaincre. De façon générale, les deux camps guerriers partagent trop d’atermoiements avec le Docteur et ses compagnons. Bien qu’affaiblis par la bête, ils auraient mérité une représentation plus fidèle à ce qu’ils étaient historiquement. Au cœur du message de l’épisode, le champ télépathique du TARDIS permettra aux deux peuples de réaliser qu’en parlant la même langue, ils ne sont pas si différents l’un de l’autre. Cette bonne idée laisse à penser qu’Eaters of Light aurait plus eu sa place comme premier épisode historique de la série. Il aurait permis d’apprendre cette faculté du TARDIS à Bill et aux nouveaux spectateurs, évitant le passage embarrassant où la compagne semble apprendre après plusieurs mois que le TARDIS traduit simultanément. Eaters of Light est néanmoins le meilleur épisode de Nardole, qui s’intègre très bien aux autochtones et se permet quelques remarques cinglantes dont Matt Lucas a le secret.
Un nouvel espoir d’amitié…ou pas
Nous apprenons à l’issue de l’épisode que le Docteur avait embarqué Missy comme mécano dans le TARDIS (et pas pour visiter l’Ecosse, puisque Michelle Gomez est aussi écossaise). Nous découvrons également sans transition que Missy serait devenue sensible à la musique. Un retournement soudain qui sonne complètement faux du fait du peu de scènes accordées à Michelle Gomez lors de cette saison pour faire accepter ce changement majeur, quitte à consacrer un épisode aux années passées dans la cage. Le two-parter final aura fort à faire pour rattraper cet écueil.
N : 6
IM : 4
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